Crédit: Moussé Tahir

Tchad: Le pré-dialogue à Doha

Après le décès tragique du Président de la république, le Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno en avril dernier, un conseil militaire de transition créé le 20 avril 2021 a été mis en place constitué de 15 membres, dans le but de préparer une transition pour assurer la continuité de l’État après la mort du président. Il est dirigé par son fils Mahamat Idriss Deby Itno. La junte militaire a dans son annonce au peuple tchadien, souligné plusieurs points dont la tenue d’un dialogue national inclusif rassemblant les Tchadiens de l’intérieur et de l’extérieur pour un retour définitif de paix et de la stabilité.
Jour après jour, la date fixée pour le pré-dialogue entre le gouvernement et les politico-militaires frappe à la porte. Le pays hôte est le Qatar.

Les négociations de paix au Tchad à Doha au Qatar, sont ouvertes le dimanche 13 mars 2022. Dès leur entame, les négociations ont été reportées au 16 mars, pour être à nouveau repoussées de 48 heures. C’est ce vendredi 18 mars 2022 normalement que les discussions reprennent.

Le blocage, dit-on, est lié au fait que les groupes politico-militaires ne sont pas encore parvenus à s’entendre sur une liste de 10 délégués chargés de les représenter dans les négociations. Le chiffre de 52 groupes politico-militaires serait à l’origine des incompréhensions, dans la mesure où d’aucuns estiment qu’il a été surestimé par les comités préparatoires au prédialogue.

L’autre pomme de discorde est relative à la divergence des positions quant au dialogue qui est prévu se tenir à Ndjamena au Tchad, après l’étape de Doha. Certains groupes sont moins exigeants que d’autres, en termes de préalables au dialogue définitif. En clair, un climat de suspicions plane sur le prédialogue de paix tchadien de Doha au Qatar.

La méfiance entre groupes politico-militaires, conjuguée à celle vis-à-vis des autorités tchadiennes complique cette étape qui doit ouvrir la voie à des pourparlers internes. Lesquels devront aboutir à un accord inhérent au retour de la paix définitive au Tchad.
Dans ce jeu d’intérêts divergents, il est à parier que le processus de pré-dialogue accouche d’une souris. Sans cet effort de part et d’autre des différentes parties prenantes, de partir d’une volonté d’agir en faveur de la paix, la stabilité du Tchad sera compromise pour des années.
Le premier ministre de la transition Pahimi Padacké Albert à l’ouverture de pré-dialogue, avait laissé entendre que son gouvernement est conscient qu’il n’y a pas de paix, de stabilité, et de développement économique durables, sans le respect des droits humains, la justice pour tous, la répartition équitable des richesses au profit de tous les concitoyens, l’égalité en droit et la bonne gouvernance en faisant savoir qu’ils sont donc tous interpellés, collectivement et individuellement, face à leurs propres responsabilités devant l’histoire.
Le premier ministre précise qu’il est venu à Doha pour demander à ses chers frères dans l’opposition armée, d’emprunter la voie du dialogue et de la réconciliation nationale. De part et d’autre, ils doivent trouver la force d’un sursaut National afin de transformer la chance historique qu’offre la transition en cours, pour une sortie de crise consensuelle, pacifique et définitive.

Il appartient aux leaders des groupes politico-militaires et aux autorités de dépasser leurs intérêts de clans pour privilégier l’intérêt supérieur de la nation tchadienne.
Le Tchad qui, pendant des années croupissent sous des guerres fratricides empêchant son développement sur tous les plans, doit en reconnaître les conséquences.
Tous les Tchadiens sont appelés à tourner la page et jeter les bases d’une nouvelle ère, celle de la stabilité, justice et la concorde nationale.